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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/279

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Je lui remontrai que Tartaglia demeurait dans la befana, et que peut-être le prince y était arrivé déjà.

— Il aura marché toute la nuit, lui dis-je, et il sera plus désireux de dormir que de recevoir notre visite.

Nous descendîmes la sombre allée de cyprès et fîmes le tour de la ferme, où les domestiques commençaient à s’agiter autour de leurs bêtes.

— Je suis étonnée de ne pas voir mon parrain, me dit Daniella, il est toujours levé le premier.

Elle interrogea l’aîné des neveux, Gianino, un des orphelins qu’élève le généreux fermier, le petit singe alla cioccolata. Il nous apprit que Felipone était sorti avant le jour.

— Monte à sa chambre, me dit Daniella, et vois si son lit a été défait. Sa femme couche encore à Piccolomini. Lady Harriet la garde jusqu’à la fin de la semaine.

Le lit de Felipone était intact, il ne s’était pas couché.

— Tu vois ! me dit Daniella ; il avait les yeux bouffis d’un chasseur qui tombe de sommeil. Sais-tu ce qu’il faut faire ? Allons voir Onofrio ; il saura quelque chose.

Nous n’eûmes pas la peine d’aller jusqu’au paillis. Nous trouvâmes le berger de Tusculum sur le plateau où fut le centre de la cité latine, entre le cirque et le théâtre. Il écouta gravement nos questions et parut ne pas les comprendre.

— Il est venu hier au soir, nous dit-il ; il m’a payé ; son argent est bon ; il est reparti tout de suite.

— Vous parlez de Brumières, lui dis-je ; mais Felipone ?

Il ne l’avait pas revu et paraissait de bonne foi. Fatigué de notre insistance, il cessa de nous répondre et finit par nous dire :

— Enfants, laissez-moi tranquille ; c’est l’heure de prier Dieu au soleil levant, et vous me dérangez.

Il ne nous restait plus qu’un moyen de savoir la vérité ;