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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/57

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souffrait avec une grande patience, se contentant de lui dire de temps en temps :

— Carlino, fais donc attention ! Il fait déjà assez humide ici.

Alors, il se mettait à parler de son habitation comme un homme qui en discute avec désintéressement les inconvénients et les avantages.

— C’est fort laid, disait-il ; mais c’est si bien situé ! La vue est magnifique, de la terrasse du casino.

Je ne pus m’empêcher de lui dire que j’étais beaucoup mieux logé que lui, et qu’il devait beaucoup souffrir dans cette grande cave.

— Mais ce n’est pas une cave, répondit-il. Nous sommes en contre-bas de la montagne, voilà tout ; et, sans les infiltrations des eaux égarées dans les murs par suite de la rupture de plusieurs canaux, il ferait ici aussi sec que chez vous ; mais, avec beaucoup de braise on s’en tire, vous voyez.

— Pourtant, ces fenêtres et ces portes murées… Le soleil n’entre jamais dans cette grande salle ?

— Aussi, à l’exception de ces deux derniers jours, ne l’avons-nous habitée que la nuit. Les cours du château sont si vastes et si belles, et le petit cloître est si charmant ! Nous n’avions que quelques pas à faire pour respirer un air pur ; et puis, par ici, ajouta-t-il en montrant le milieu de l’édifice où est situé l’escalier, nous avons le chemin des champs. C’est là le principal avantage du logement que j’ai choisi.

Chaque mot de ce tranquille personnage semblait appeler de ma part une foule de questions ; mais, comme il s’abstenait de m’en adresser de personnelles, je crus convenable de montrer la même réserve ou la même indifférence, et de parler de Tusculum et des environs, comme ferait un touriste dans une auberge.