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Page:Sand - La Daniella 2.djvu/99

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— Je veux dire que je ne suis pas plus sa maîtresse que je ne suis encore sa femme, et que c’est tout au plus si je lui ai permis, jusqu’à présent, de me baiser la main. Si vous aviez d’autres idées, elles m’outrageraient bien gratuitement.

— Qu’est-ce que cela me fait ? pensai-je pendant que le prince passait entre nous pour me remercier et pour faire à Medora de timides reproches. J’entendis qu’elle lui répondait sèchement et je me hâtai d’aller reprendre mon rang dans la caravane.




XL


Il était deux heures du matin quand nous arrivâmes à une petite villa près d’Albano. Là, nos fugitifs devaient prendre, chez une personne amie qui les attendait, une petite voiture, où le prince, le docteur et la signora feraient le reste du trajet jusqu’à la mer, par les chemins de traverse. Tous les chevaux étaient loués ou prêtés, et devaient être dispersés et laissés à certaines stations convenues sur la côte. Otello seul devait être embarqué, comme l’inséparable serviteur de Medora. Je fus donc très-étonné lorsqu’elle m’offrit de me le laisser.

— Cette bête gênera et retardera notre embarquement, dit-elle au prince, qui ne s’étonnait pas moins que moi. Ce sera, dans un aussi petit bâtiment que celui qui doit nous emporter, un compagnon très-incommode et peut-être dangereux.

— Tout a été prévu, répondit-il, et tout doit être disposé en conséquence. J’aimerais mieux me jeter à la mer