Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/154

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ger ce valet si bien disposé par nature à la conversation. Elle n’avait nullement l’espoir ni le projet de s’introduire furtivement dans le laboratoire. Sa conscience, tout maternellement préoccupée qu’elle pouvait être, y eût regardé à deux fois avant de se résoudre à une supercherie aussi grave. Mais il est avec la conscience comme avec le ciel des accommodements. Le testateur n’avait pas prévu que ses gens pussent parler ; il ne s’était pas méfié de Labrêche, et, si Labrêche n’était pas incorruptible, tant pis pour le caprice du testateur ! C’eût été à lui de connaître mieux son monde.

Mais comment entrer en matière ? car le plus difficile, en pareille occurrence, c’est de lancer la première ouverture sans se compromettre. La fine Polonaise avait réfléchi à cela ; elle avait un prétexte tout prêt pour aborder résolument l’objet de sa contention d’esprit.

Elle approcha sans bruit de la porte entr’ouverte, attendit sans se montrer que le garde champêtre eût le dos tourné et fût assez loin pour ne pas l’entendre ; puis, avec un demi-sifflement aussi doux que