Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/174

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teint brun, l’œil très-doux, les épaules un peu hautes, les coudes un peu serrés au corps. Il semblait qu’elle allait agir et marcher avec cette gaucherie mêlée de grâce qui caractérisait son homonyme.

Octave mit tant d’intérêt à constater cette ressemblance, qu’il regrettait de n’avoir pas interrogé le majordome sur le caractère et les habitudes de la personne représentée, lorsque l’abbé, qui ne dormait pas et qui, de sa chambre, le voyait planté là, vint à lui d’un air souriant, à seules fins de savoir si, lui aussi, avait l’intention de guetter quelque chose ou d’interroger quelqu’un de la maison.

L’abbé vit bien que le jeune militaire ne songeait qu’au portrait de l’aïeule et ne demanda pas mieux que de le détourner, par sa causerie, de toute autre préoccupation.

— Si j’ai connu ma mère ? lui dit-il. Mais oui certes ! Je n’ai pas été traqué et caché comme vous dans mon jeune âge, et j’avais déjà dix-huit ans quand cette admirable femme est morte.

— Elle était admirable de caractère ? dit Octave.

— Oui, de caractère, d’intelligence et de bonté.