Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/190

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prendre quelque chose à la spéculation. L’honnêteté est dans l’occasion un capital qui creuse sa place dans les affaires ; mais il faut savoir se faire apprécier, et voilà où j’ai été véritablement incapable. Comme ce ne fut pas ma faute, je ne peux pas m’en faire un reproche ; mais j’en suis tout de même un peu honteux, comme on l’est d’une infirmité. Je sens bien qu’on doit se dire en me voyant si pauvre : « Pourquoi cet homme, si bien apparenté, et qui, en somme, a été bien élevé par un père distingué, n’a-t-il pas su faire une meilleure figure dans le monde ? » Quelques-uns doivent me croire paresseux ou indolent, — ou trop fier et ridiculement susceptible… — ou idiot de nature — que sais-je ? Ils ont toujours tort, ceux que disgracie la fortune ! Si je souffre parfois de l’idée qu’on peut se faire de moi, c’est à cause de mon fils. Je crains qu’il ne soit fatalement entraîné par ma position à suivre la même voie, c’est-à-dire un pauvre petit sentier bien pur de souillure et dégagé d’épines, mais bien caché, bien perdu, bien effacé dans la solitude. Et, si cet enfant avait, comme vous le disiez pour ma fille, des goûts