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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

au-dessus de sa condition !… Je vous ai bien dit, et je crois bien toujours qu’il en sortira si bon lui semble, c’est-à-dire s’il se sent plus hardi que moi dans le monde. Aussi j’ai toujours travaillé à le préserver de mon défaut, et, jusqu’à présent, il n’y semble pas porté ; mais, quoi qu’il arrive de lui, je ne lui serai d’aucun appui et d’aucun secours, à moins qu’il ne se voue à la culture de la terre.

» Il y a des moments où je m’effraye de l’avoir enveloppé dans la fatalité qui pèse sur moi. Il y en a d’autres où je me persuade que je lui ai préparé le sort le plus heureux. N’êtes-vous pas de mon avis, ma cousine, que le nouvel état de choses va produire en France, au milieu de grandes améliorations générales, des malheurs particuliers très-sérieux ? Je veux parler du déclassement dans les familles. Il n’est plus de mode que les enfants suivent la condition de leurs parents. Un paysan veut que son fils soit clerc de notaire, ou vicaire de paroisse, ou perruquier, ou toute autre chose, pourvu qu’il ne soit pas paysan. Si ce n’est pas la famille qui veut déclasser l’individu, c’est l’individu qui veut