Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
231
LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Corisande avait une haute dose de raison qui lui tenait lieu d’expérience. Elle vit que son cousin s’animait, et que, tout en protestant du calme de son affection, il était, de nouveau et encore plus que la veille, gagné par une émotion assez vive. Que ce fût attendrissement ou passion, il ne fallait pas risquer d’encourager une inclination naissante.

Corisande n’était pas née enthousiaste, et les âpretés de son existence n’avaient pas laissé de place aux subtilités romanesques. Paisible comme le lac ombreux et parfumé que formait la rivière derrière son écluse, elle ne connaissait pas le trop-plein qui s’épanche en courants impétueux. Ce n’était pas une goutte d’eau, une petite larme au bord des yeux radoucis du sceptique Octave qui pouvait soulever et faire déborder cette glace immobile. Elle ne montra donc aucun trouble, parce que son esprit absolu n’admettait aucun dérangement dans la sérénité de son devoir, et elle changea de conversation sans paraître avoir compris la nécessité de distraire Octave de son admiration pour elle.

— Comme elle est froide ! pensait Octave ; froide