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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

Corisande, voyant son frère très-calme, ne s’inquiéta pas davantage, et alla avec Margot s’assurer que Lucien soignait bien la grise.

Le chevalier ne chercha pas longtemps Octave. Il vit la trace que ses petits talons de botte avaient laissée sur le sable, et bientôt il l’aperçut au bout de la chaussée, où il s’était imprudemment aventuré. Il détacha vite sa nacelle de pêche et se hâta d’aller délivrer son hôte, tout en lui criant de l’attendre et de ne pas bouger.

Octave fut très-honteux quand il reconnut la personne qui venait l’arracher à un péril plus sérieux qu’il ne l’imaginait. Ses idées de suicide, comparées à la sérénité d’un homme beaucoup plus éprouvé que lui par la destinée, lui parurent lâches. Son premier mouvement fut donc de donner un air riant et ouvert à sa physionomie bouleversée ; il n’eut pas le temps de se demander si le chevalier, averti par sa sœur, venait lui porter secours ou lui demander réparation. Il vit bientôt que, si Corisande avait parlé, elle n’avait pas tout dit ; car le chevalier n’avait rien d’hostile dans les manières.