Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/280

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était parti au grand galop sur la bête enragée, elle fut prise d’un battement de cœur et devint pâle.

— Tu as mal fait de ne pas m’avertir de l’idée de ton père, dit-elle à l’enfant, qui commençait à s’alarmer aussi ; il y a longtemps qu’il n’a eu l’occasion de faire le cavalier, et nous n’allons pas rester là tranquilles pendant qu’un accident peut l’arrêter en chemin. Viens, petit ; viens, Margot ; allons-nous-en du côté qu’il a pris, et nous marcherons le plus loin que nous pourrons, en demandant partout, si on l’a vu passer et si le cheval paraissait soumis.

Le chevalier était déjà loin. Il était parti avant le jour. Il arriva au château juste au moment où l’on allait fermer les portes du laboratoire. Tous les héritiers y étaient réunis pour l’épreuve.

Quand Hortense le vit paraître, l’œil ardent, le front baigné de sueur, avec ses bottes tachées du sang de sa monture et ses cheveux en désordre, essoufflé encore de la course désespérée qu’il venait de fournir en combattant toujours de la bride et de l’éperon les caprices d’une bête sauvage, elle eut peur de cet homme qu’elle s’était flattée d’oublier,