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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

logique a redoublé l’effroi général, et nous voilà tous ici faisant la chose la plus ridicule qu’on puisse imaginer, mourant à la fois de peur et d’impatience, voulant et ne voulant pas, criant et riant tour à tour. Nous ressemblons à un hôpital de fous, que vous en semble ?

En effet, une agitation bizarre régnait dans l’assemblée. Le notaire et le juge de paix, qui n’étaient point aptes à hériter, ne voyaient pour eux que la chance d’être ensevelis sous les décombres du château, et le greffier était pâle comme la mort. À eux trois, ils résistaient encore à l’impatience fiévreuse d’Octave et de quelques autres non moins hardis ; mais la plupart des prétendants bourdonnaient entre eux comme un essaim d’abeilles qui cherche à se poser et qui ne se décide à rien.

Ces groupes noirs se divisaient, se rapprochaient, choisissaient une place, voulaient partir, voulaient rester. C’était une scène de confusion qui dura plus de deux heures. On mandait et on interrogeait tour à tour tous les gens du défunt, tous les ouvriers qui avaient travaillé pour lui. Aucun ne pouvait répon-