Page:Sand - La Mare au Diable.djvu/64

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— Sans doute, dit Germain, et la métairie, et même ta maison. Tiens, ce petit point gris, pas loin du grand peuplier à Godard, plus bas que le clocher.

— Ah ! je la vois, dit la petite ; et là-dessus elle recommença de pleurer.

— J’ai eu tort de te faire songer à ça, dit Germain, je ne fais que des bêtises aujourd’hui ! Allons, Marie, partons, ma fille ; les jours sont courts, et dans une heure, quand la lune montera, il ne fera pas chaud.

Ils se remirent en route, traversèrent la grande brande et comme, pour ne pas fatiguer la jeune fille et l’enfant par un trop grand trot, Germain ne pouvait faire aller la Grise bien vite, le soleil était couché quand ils quittèrent la route pour gagner les bois.

Germain connaissait le chemin jusqu’au Magnier ; mais il pensa qu’il aurait plus court en ne prenant pas l’avenue de Chanteloube, mais en descendant par Presles et la Sépulture, direction qu’il n’avait pas l’habitude de prendre quand il allait à la foire. Il se trompa et perdit encore un peu de temps avant d’entrer dans le bois ; encore n’y entra-t-il point par le bon côté et il ne s’en aperçut pas, si bien qu’il tourna le dos à Fourche et gagna beaucoup plus haut du côté d’Ardentes.

Ce qui l’empêchait alors de s’orienter, c’était un brouillard qui s’élevait avec la nuit, un de ces brouillards des soirs d’automne que la blancheur du clair