IX
LA PRIÈRE DU SOIR
etit-Pierre s’était soulevé et regardait autour de lui d’un air tout pensif.
— Ah ! il n’en fait jamais d’autre quand il entend manger, celui-là ! dit Germain : le bruit du canon ne le réveillerait pas ; mais quand on remue les mâchoires auprès de lui, il ouvre les yeux tout de suite.
— Vous avez dû être comme ça à son âge, dit la petite Marie avec un sourire malin. Allons, mon petit Pierre, tu cherches ton ciel de lit ? Il est fait de verdure, ce soir, mon enfant ; mais ton père n’en soupe pas moins. Veux-tu souper avec lui ? Je n’ai pas mangé ta part ; je me doutais bien que tu la réclamerais !
— Marie, je veux que tu manges, s’écria le laboureur, je ne mangerai plus. Je suis un vorace, un grossier ; toi, tu te prives pour nous, ce n’est pas juste ;