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la petite fadette

les blés en chaume ; ils m’appellent par mon nom, et la chouette est là-bas qui me crie l’heure que les étoiles marquent dans le cadran du ciel.

— Je l’entends bien aussi, et il faut que je rentre à la Priche ; mais avant que je te dise adieu, Fadette, est-ce que tu ne veux pas me pardonner ?

— Mais je ne t’en veux pas, Landry, et je n’ai pas de pardon à te faire.

— Si fait, dit Landry, qui était tout agité d’un je ne sais quoi, depuis qu’elle lui avait parlé d’amour et d’amitié, d’une voix si douce que celle des bouvreuils qui gazouillaient en dormant dans les buissons paraissait dure auprès. Si fait, tu me dois un pardon, c’est de me dire qu’il faut à présent que je t’embrasse pour réparer de l’avoir omis dans le jour.

La petite Fadette trembla un peu ; puis, tout aussitôt reprenant sa bonne humeur :

— Tu veux, Landry, que je te fasse expier ton tort par une punition. Eh bien ! je t’en tiens quitte, mon garçon. C’est bien assez d’avoir fait danser la laide, ce serait trop de vertu que de vouloir l’embrasser.