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la petite fadette

aimée que je ne peux pas me méfier de lui, et que je n’en veux jamais avoir d’autre pour mari.

— Il y a longtemps que je me suis dit tout cela, père Barbeau, répondit la petite Fadette ; mais, je vous le répète, j’aurais la plus grande répugnance à entrer dans une famille qui rougirait de moi et ne céderait que par faiblesse et compassion.

— Si ce n’est que cela qui vous retient, décidez-vous, Fanchon, reprit le père Barbeau ; car la famille de Landry vous estime et vous désire. Ne croyez point qu’elle a changé parce que vous êtes riche. Ce n’est point la pauvreté qui nous répugnait de vous, mais les mauvais propos tenus sur votre compte. S’ils avaient été bien fondés, jamais, mon Landry eût-il dû en mourir, je n’aurais consenti à vous appeler ma bru ; mais j’ai voulu avoir raison de tous ces propos-là ; j’ai été à Château-Meillant tout exprès ; je me suis enquis de la moindre chose dans ce pays-là et dans le nôtre, et maintenant je reconnais qu’on m’avait menti et que vous êtes une personne sage et honnête, ainsi que Landry l’affirmait avec tant de feu. Par ainsi Fanchon Fadet, je viens vous demander