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la petite fadette

Comme les enfants écoutent volontiers toutes sortes d’histoires, Landry avait ouï dire à la Priche, où le monde est notoirement crédule et plus simple qu’à la Cosse, que la mère Fadet, au moyen d’une certaine graine qu’elle jetait sur l’eau en disant des paroles, pouvait faire retrouver le corps d’une personne noyée. La graine surnageait et coulait le long de l’eau, et, là où on la voyait s’arrêter, on était sûr de retrouver le pauvre corps. Il y en a beaucoup qui pensent que le pain bénit a la même vertu, et il n’est guère de moulins où on n’en conserve toujours à cet effet. Mais Landry n’en avait point, la mère Fadet demeurait tout à côté de la Joncière, et le chagrin ne donne pas beaucoup de raisonnement.

Le voilà donc de courir jusqu’à la demeurance de la mère Fadet et de lui conter sa peine en la priant de venir jusqu’à la coupure avec lui, pour essayer par son secret de lui faire retrouver son frère vivant ou mort.

Mais la mère Fadet, qui n’aimait point à se voir outre-passée de sa réputation, et qui n’exposait pas volontiers son talent pour rien, se gaussa de lui et le renvoya même assez