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la petite fadette

— Tiens ! ne dis pas ça, s’exclama Landry en lui prenant la main et le bras tout ensemble ; je crois que ça ne peut être une punition de t’embrasser… à moins que la chose ne te chagrine et ne te répugne, venant de moi…

Et quand il eut dit cela, il fit un tel souhait d’embrasser la petite Fadette, qu’il tremblait de peur qu’elle n’y consentît point.

— Écoute, Landry, lui dit-elle de sa voix douce et flatteuse, si j’étais belle, je te dirais que ce n’est le lieu ni l’heure de s’embrasser comme en cachette. Si j’étais coquette, je penserais, au contraire, que c’est l’heure et le lieu, parce que la nuit cache ma laideur, et qu’il n’y a ici personne pour te faire honte de ta fantaisie. Mais, comme je ne suis ni coquette ni belle, voilà ce que je te dis : Serre-moi la main en signe d’honnête amitié, et je serai contente d’avoir ton amitié, moi qui n’en ai jamais eu, et qui n’en souhaiterai jamais d’autre.

— Oui, dit Landry, je serre ta main de tout mon cœur, entends-tu, Fadette ? Mais la plus honnête amitié, et c’est celle que j’ai pour toi, n’empêche point qu’on s’embrasse. Si tu me