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la ville noire.

seule présence soulageait et ranimait la famille. À un pauvre elle trouvait toujours moyen de porter quelque chose, ne se gênant pas, quand elle n’avait rien, pour le demander à ceux qui étaient riches, et qu’elle trouvait toujours bien disposés pour l’aider dans sa charité. Si le père Laguerre était en colère, elle le persuadait si doucement, en commençant toujours par lui donner raison, qu’elle l’amenait vite à convenir qu’il avait tort. Si Gaucher avait un moment de tristesse, Lise accourait l’en avertir, et elle arrangeait une promenade avec les enfants pour le distraire.

Elle avait sur le rocher, au niveau de sa chambrette, quatre toises d’assise où elle était très-habile à élever des fleurs en pot. Elle allait tous les dimanches porter quelque plante bien fleurie à Audebert, qui adorait les parfums, et elle rapportait celle dont il avait joui durant la semaine, pour la soigner jusqu’à nouvelle floraison. Ses amoureux lui en apportaient qu’elle n’acceptait qu’en leur disant :

— Vous savez, c’est pour notre chansonnier ! — Et on lui répondait :