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la ville noire.

route qu’il prendrait, n’ayant d’autre idée que celle de s’éloigner et de se faire oublier pendant quelque temps. D’ailleurs il ne comptait nullement sur une réponse, et il sentait que, pour garder son courage, il lui fallait ignorer ce qui pendant ce temps-là devait se passer à la Ville Noire.

Sa petite bourse ne pouvait le mener bien longtemps ; aussi songea-t-il bientôt à s’embaucher dans quelque fabrique pour gagner de quoi continuer son voyage, car il était décidé à aller loin et à mettre à profit pour son instruction cet exil volontaire. Il s’arrêta donc dans la première ville qu’il rencontra, y travailla quelques semaines, et repartit pour une autre grande ville, curieux d’étudier son état sur une plus vaste échelle qu’il n’avait encore pu le faire, et de s’y perfectionner par l’essai de diverses pratiques.

Ayant ainsi voyagé, essayé et observé pendant plusieurs mois, il reçut, un peu grâce au hasard, une lettre de Gaucher, qui lui donnait de bonnes nouvelles de son parrain et de sa fabrique. Le parrain se portait à merveille et la fabrique donnait de