Page:Sand - La Ville noire.djvu/205

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d’un type brun et pâle qui lui rappelait vaguement celui de Tonine. Cette fois-ci, il tenta réellement de s’attacher, non pas tant à cause de la femme, qui ne lui plaisait que par réflexion et comme à travers le souvenir d’une autre, mais à cause de la poésie d’un pays magnifique et dans l’espoir d’une vie paisible et utilement laborieuse.

Il était entré par hasard chez cette veuve. Elle l’avait distingué du premier coup d’œil, et avait su le retenir en lui demandant ses conseils pour la réparation d’une machine agricole qu’il s’amusa à perfectionner en la simplifiant. Depuis plus d’un mois, il était chez elle, sans lui rien dire qui pût l’engager, mais sans pouvoir se refuser à comprendre que la dame ne lui aurait refusé ni sa main ni son cœur. Elle parlait assez bien le français, et Sept-Épées avait appris un peu d’allemand. Il était assis un jour sous de magnifiques tilleuls, à quelque distance de la maison, pendant que la veuve passait en revue, à l’entrée de sa cour, le riche bétail de son petit domaine. De près, elle n’était pas laide ; de loin, elle était belle à cause de sa taille bien prise et de ses