elle avait refusé, disant : — Demandez l’agrément de mon cousin et de sa femme, ce sont mes seuls parents, et je ne veux rien décider sans leur conseil.
— Ne voulez-vous pas leur parler de moi ? avait dit Sept-Épées.
— Non ! ce n’est pas à moi de leur parler de vous la première, je m’en garderai bien ; ils croiraient que je suis décidée pour vous, ce qui n’est pas certain encore.
Cette réponse, plus fière que tendre, avait appris à Sept-Épées qu’il fallait marcher droit avec Tonine.
Tonine avait dix-huit ans, et déjà elle avait passé par des épreuves qui l’avaient portée à réfléchir. Il y avait eu un roman dans sa famille, sous ses yeux, à ses côtés, un roman dont son jeune cœur avait beaucoup souffert. Sa sœur aînée, Suzanne Gaucher, la plus jolie fille du pays, avait plu à un étranger d’origine, ancien ouvrier et encore propriétaire de la plus vaste usine de la ville basse, où, par d’heureuses spéculations, il avait fait sa fortune. Suzanne était sage, mais ambitieuse : elle avait su se faire épouser.