« — Oh ! lui, c’est différent. On connaît bien les anges : ce n’est pas une raison pour regarder les murs.
« — C’est très-profond ce que tu dis là, Gottlieb. Pourrais-tu me l’expliquer ?
« — Demande au rouge-gorge, je te dis qu’il sait tout, lui ; il peut aller partout, mais il n’entre jamais que chez ses pareils. C’est pourquoi il entre dans ta chambre.
« — Grand merci, Gottlieb, tu me prends pour un oiseau.
« — Le rouge-gorge n’est pas un oiseau.
« — Qu’est-ce donc ?
« — C’est un ange, tu le sais.
« — En ce cas, j’en suis un aussi ?
« — Tu l’as dit.
« — Tu es galant, Gottlieb.
« — Galant ! a dit Gottlieb en me regardant d’un air profondément étonné ; qu’est-ce que c’est que galant ?
« — Tu ne connais pas ce mot-là ?
« — Non.
« — Comment sais-tu que le rouge-gorge entre dans ma chambre ?
« — Je l’ai vu ; et d’ailleurs il me l’a dit.
« — Il te parle donc ?
« — Quelquefois, a dit Gottlieb en soupirant, bien rarement ! Mais hier il m’a dit : « Non ! je n’entrerai jamais dans ton enfer de cuisine. Les anges n’ont pas commerce avec les méchants esprits. »
« — Est-ce que tu serais un méchant esprit, Gottlieb ?
« — Oh ! non, pas moi ; mais… »
Ici Gottlieb a posé un doigt sur ses grosses lèvres, d’un air mystérieux.
« — Mais qui ? »
« Il n’a rien répondu, mais il m’a montré son chat à la dérobée et comme s’il craignait d’en être aperçu.