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savoir, et qu’elle pourrait retourner à sa place sans paraître avoir remarqué positivement toutes ces circonstances délicates de leur tête-à-tête.

Mais en attendant que l’inconnu s’endormît plus profondément, Consuelo, que le calme de sa respiration et l’immobilité de son repos avaient rassurée, se rendormit elle-même, vaincue par l’épuisement qui succède aux grandes agitations. Lorsqu’elle se réveilla de nouveau, la tête de son compagnon s’était penchée sur la sienne, son masque s’était détaché, leurs joues se touchaient, leurs haleines se confondaient. Elle fit un mouvement brusque pour se retirer, sans songer à regarder les traits de l’inconnu, ce qui, d’ailleurs, eût été assez difficile vu l’obscurité qui régnait au-dehors et surtout dans la voiture. L’inconnu rapprocha Consuelo de sa poitrine, dont la chaleur embrasa magnétiquement la sienne, et lui ôta la force et le désir de s’éloigner. Cependant il n’y avait rien de violent ni de brutal dans l’étreinte douce et brûlante de cet homme. La chasteté ne se sentait ni effrayée ni souillée par ses caresses ; et Consuelo, comme si un charme eût été jeté sur elle, oubliant la retenue, on pourrait même dire la froideur virginale dont elle n’avait jamais été tentée de se départir, même dans les bras du fougueux Anzoleto, rendit à l’inconnu le baiser enthousiaste et pénétrant qu’il cherchait sur ses lèvres.

Comme tout était bizarre et insolite chez cet être mystérieux, le transport involontaire de Consuelo ne parut ni le surprendre, ni l’enhardir, ni l’enivrer. Il la pressa encore lentement contre son cœur ; et quoique ce fût avec une force extraordinaire, elle ne ressentit pas la douleur qu’une violente pression cause toujours à un être délicat. Elle n’éprouva pas non plus l’effroi et la honte qu’un si notable oubli de sa pudeur accoutumée eût dû lui ap-