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un rayon divin. Elle vivait sur cette idée, elle l’appliquait à toutes ses émotions. Elle y puisait une force réelle, elle se la rappelait toute sa vie. Et ce n’était pas pour elle une vaine sentence, c’était une règle de conduite, une armure pour le combat. Qu’avait-elle besoin d’analyser et de résumer le livre où elle l’avait saisie ? Tout ce livre se trouvait écrit dans son cœur, dès que l’inspiration qui l’avait produit s’était emparée d’elle. Sa destinée ne lui commandait pas d’aller au-delà. Elle ne prétendait pas à concevoir savamment un monde philosophique dans son esprit. Elle sentait la chaleur des secrètes révélations qui sont accordées aux âmes poétiques lorsqu’elles sont aimantes. C’est ainsi qu’elle lut pendant plusieurs jours sans rien lire. Elle n’eût pu rendre compte de rien ; mais plus d’une page où elle n’avait vu qu’une ligne fut mouillée de ses larmes, et souvent elle courut au clavecin pour y improviser des chants dont la tendresse et la grandeur furent l’expression brûlante et spontanée de son émotion généreuse.

Une semaine entière s’écoula pour elle dans une solitude que ne troublèrent plus les rapports de Matteus. Elle s’était promis de ne plus lui adresser la moindre question, et peut-être avait-il été tancé de son indiscrétion, car il était devenu aussi taciturne qu’il avait été prolixe dans les premiers jours. Le rouge-gorge revint voir Consuelo tous les matins, mais sans être accompagné de loin par Gottlieb. Il semblait que ce petit être (Consuelo n’était pas loin de le croire enchanté) eût des heures régulières pour venir l’égayer de sa présence, et s’en retourner ponctuellement vers midi, auprès de son autre ami. Au fait, il n’y avait rien là de merveilleux. Les animaux en liberté ont des habitudes, et se font un emploi réglé de leurs journées, avec plus d’intelligence