Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/117

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me dire.

— Il faut que j’attende la réponse, me dit-elle d’un air d’angoisse.

— Eh bien, lui dis-je, allez l’attendre dans l’appartement de madame.

Et je la reconduisis auprès de la Checchina.

— Cette brave fille, lui dis-je, veut entrer au service d’une dame de Florence que je connais particulièrement, et elle vient me demander une lettre de recommandation. Pendant que je vais l’écrire, voulez-vous permettre qu’elle reste près de vous ?

— Oui, oui, certes ! dit la Checchina en lui faisant signe de s’asseoir et en lui souriant d’un air de protection amicale.

Cette douceur et cette simplicité de manières envers les gens de son ancienne condition étaient au nombre des belles qualités de la Chioggiote. En même temps qu’elle minaudait les allures de la grande dame, elle conservait la bonté brusque et naïve de la batelière. Ses manières, souvent ridicules, étaient toujours bienveillantes ; et, si elle aimait à trôner dans un lit de satin garni de dentelles devant cette pauvre villageoise, elle n’en avait pas moins dans le cœur et sur les lèvres de tendres encouragements pour son humilité.

La lettre de la signora était conçue en ces termes :

« Trois jours sans revenir ! Ou vous n’avez guère d’esprit, ou vous n’avez guère d’envie de me revoir. Est-ce donc à moi de trouver le moyen de continuer nos amicales relations ? Si vous ne l’avez pas cherché, vous êtes un sot ; si vous ne l’avez pas trouvé, vous êtes ce que vous m’accusez d’être. La preuve que je ne suis ne superba, ne stupida, c’est que je vous donne un rendez-vous. Demain matin dimanche, je serai à la messe de huit heures à Florence, à Santa Maria del Sasso. Ma tante est malade ; Lila, ma sœur de lait, doit seule m’accompagner. Si le domestique et le cocher vous remarquent ou vous interrogent, donnez-leur de l’argent, ce sont des coquins. Adieu, à demain. »