Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/181

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clef dans ma poche, et je courus au-devant de la chaise de poste.

Mais de toutes nos appréhensions, la plus embarrassante se réalisa. Nasi sortit de la voiture et se jeta à mon cou. Comment l’empêcher d’entrer chez lui, comment lui cacher ce qui se passait ? Il était facile de l’empêcher de violer l’incognito d’Alezia, en lui disant qu’une femme était venue pour moi dans sa maison, et que je le priais de ne point chercher à la voir. Mais la journée ne se passerait pas sans que la fuite d’Alezia et le désordre de la maison Grimani ne vinssent à ses oreilles. Une semaine suffirait pour l’apprendre à toute la contrée. Je ne savais vraiment que faire. Nasi, ne comprenant rien à mon air troublé, commençait à s’inquiéter et à craindre que la Checchina n’eût fait, par colère ou désespoir, quelque coup de tête. Il montait l’escalier avec précipitation ; déjà il tenait le bouton de la porte de l’appartement de Checca, lorsque je l’arrêtai par le bras en lui disant d’un air très sérieux que je le priais de ne pas entrer.

— Qu’est-ce à dire, Lélio ? me dit-il d’une voix tremblante et en pâlissant ; Francesca est ici et ne vient point à ma rencontre ; vous me recevez d’un air glacé, et vous voulez m’empêcher d’entrer chez ma maîtresse ? C’est pourtant vous qui m’avez écrit de revenir près d’elle, et vous sembliez vouloir nous réconcilier ; que se passe-t-il donc entre vous ?

J’allais répondre, lorsque la porte s’ouvrit, et Alezia parut, couverte de son voile. En voyant Nasi, elle tressaillit et s’arrêta.

— Je comprends maintenant, je comprends, dit Nasi en souriant ; mille pardons, mon cher Lélio ! dis-moi dans quelle pièce je dois me retirer.

— Ici, monsieur ! dit Alezia d’une voix ferme en lui prenant le bras et en l’entraînant dans le boudoir d’où elle venait de sortir et où se trouvaient