Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/182

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toujours Francesca et Lila.

Je la suivis. Checchina, en voyant paraître le comte, prit son air le plus farouche, précisément celui qu’elle avait dans le rôle d’Arsace, lorsqu’elle faisait la partie de soprano dans la Sémiramis de Bianchi.

Lila se mit devant la porte pour empêcher de nouvelles visites, et Alezia, écartant son voile, dit au comte stupéfait :

— Monsieur le comte, vous m’avez demandée en mariage, il y a quinze jours. Le peu de temps pendant lequel j’ai eu le plaisir de vous voir à Naples a suffi pour me donner de vous une plus haute idée que de tous mes autres prétendants. Ma mère m’a écrit pour me conjurer, pour m’ordonner presque d’agréer vos recherches. Le prince Grimani ajoutait en post-scriptum que, si définitivement j’avais de l’éloignement pour mon cousin Hector, il me permettait de revenir auprès de ma mère, à condition que je vous accepterais sur-le-champ pour mari. D’après ma réponse on devait ou venir me chercher pour me conduire à Venise et vous y donner rendez-vous, ou me laisser indéfiniment chez ma tante avec mon cousin. Eh bien ! malgré l’aversion que mon cousin m’inspire, malgré les tracasseries dont ma tante m’abreuve, malgré l’ardent désir que j’éprouve de revoir ma bonne mère et ma chère Venise ; enfin, malgré la grande estime que j’ai pour vous, monsieur le comte, j’ai refusé. Vous avez dû croire que j’accordais la préférence à mon cousin… Tenez ! dit-elle en s’interrompant et en portant avec calme ses regards vers la croisée, le voilà qui entre à cheval jusque dans votre jardin. Arrêtez ! monsieur Lélio, ajouta-t-elle en me saisissant le bras, comme je m’élançais pour sortir ; vous m’accorderez bien qu’en cet instant il n’y a ici d’autre volonté à écouter que la mienne. Placez-vous avec Lila devant cette porte jusqu’à ce que j’aie fini de parler.