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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/185

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Il me donna, pour m’en empêcher, des raisons excellentes tirées du code du grand monde. Je n’y comprenais rien, et me sentais dominé en cet instant par la colère que me causaient l’insolence d’Hector et ses indignes intentions. Alezia essaya de me calmer en me disant :

— Vous n’avez encore de droits que ceux qu’il me plaira de vous accorder.

J’obtins du moins d’accompagner Nasi, et de faire acte de présence devant Hector Grimani, à la condition de ne pas dire un mot sans la permission de Nasi.

Nous trouvâmes le cousin qui descendait de cheval, tout haletant et couvert de sueur. Il donna un grand coup de fouet, en jurant d’une manière ignoble, au pauvre animal, parce que, s’étant déferré et blessé en chemin, il n’était pas venu assez vite au gré de son impatience. Il me sembla voir dans ce début et dans toute la contenance d’Hector qu’il ne savait comment se tirer de la position où il s’était jeté à l’étourdie. Il fallait se montrer héroïque à force d’amour et de folle jalousie, ou absurde à force de lâche insolence. Ce qui mettait le comble à son embarras, c’est qu’il avait recruté en chemin deux jeunes gens de ses amis qui se rendaient à la chasse et avaient voulu l’accompagner dans son expédition, moins sans doute pour l’assister que pour se divertir à ses dépens.

Nous nous avançâmes jusqu’à lui sans le saluer, et Nasi le regarda de près au milieu du visage, d’un air glacé, sans lui dire un mot. Il parut ne pas me voir ou ne pas me reconnaître.

— Ah ! c’est vous, Nasi ? s’écria-t-il incertain s’il le saluerait ou s’il lui tendrait la main ; car il voyait bien que Nasi n’était pas disposé à lui rendre aucune espèce de révérence.

— Vous n’avez pas sujet de vous étonner, je pense, de me trouver chez moi, répondit Nasi.