Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/186

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— Pardonnez-moi, pardonnez-moi, reprit Hector en feignant d’être accroché par son éperon à un magnifique rosier qui se trouvait là, et qu’il écrasait de tout son poids. Je ne m’attendais pas du tout à vous retrouver ici ; je vous croyais à Naples.

— Que vous l’ayez cru ou non, peu importe. Vous voici, et me voici. De quoi s’agit-il ?

— Pardieu, mon cher, il s’agit de m’aider à retrouver ma cousine Alezia Aldini, qui se permet de courir seule à cheval sans la permission de ma mère, et qui, m’a-t-on dit, est par ici.

— Qu’entendez-vous par ce mot : par ici ? Si vous pensez que la personne dont vous parlez soit dans les environs, suivez la rue, cherchez.

— Mais que diable, mon cher, elle est ici ! dit Hector forcé par le ton de Nasi et par la présence de ses témoins de se prononcer un peu plus nettement. Elle est dans votre maison ou dans votre jardin ; car l’on l’a vue entrer dans votre avenue, et, sang de Dieu ! voilà son cheval là-bas ! c’est-à-dire mon cheval ; car il lui a plu de le prendre pour courir les champs, et de me laisser sa haquenée.

Et il essayait par un gros rire forcé d’égayer un entretien que Nasi ne semblait pas disposé à traiter si gaiement.

— Monsieur, répondit-il, je n’ai pas l’honneur de vous connaître assez pour que vous m’appeliez mon cher ; je vous prie donc de me traiter comme je vous traite. Ensuite, je vous ferai observer que ma maison n’est point une auberge, ni mon jardin une promenade publique, pour que les passants se permettent de l’explorer.

— Ma foi, monsieur, si vous n’êtes pas content, dit Hector, j’en suis fâché. Je croyais vous connaître assez pour me permettre d’entrer chez vous, et je ne savais pas que votre maison de campagne fût un château fort.