Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/189

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— Ah çà, mon cher comte, permettez-moi de vous dire que c’est pousser la plaisanterie trop loin. Maintenant qu’il s’agit de se battre, il faudrait, ce me semble, un peu de sérieux. Mes témoins sont gens de qualité : monsieur est le marquis de Mazzorbo, et voici M. de Monteverbasco. Je ne pense pas que vous puissiez leur associer comme témoin ce monsieur à qui j’ai fait donner vingt francs l’autre jour pour avoir accordé un piano chez ma mère. Vraiment, je n’y conçois rien. Hier on découvre que ce monsieur a une intrigue avec ma cousine, et aujourd’hui vous nous dites que c’est votre ami intime. Veuillez nous dire au moins son nom.

— Vous vous trompez positivement, monsieur le comte. Ce monsieur, comme vous dites, n’accorde point de pianos, et n’a jamais mis le pied chez votre cousine. C’est le signor Lélio, l’un de nos plus grands artistes, et l’un des hommes les plus braves et les plus loyaux que je connaisse.

J’avais entendu confusément le commencement de cette conversation, et, voyant qu’il s’agissait de moi, je m’étais rapproché assez rapidement. Quand j’entendis le comte Hector parler tout haut d’une intrigue à propos d’Alezia, la mauvaise humeur où m’avait mis ce combat engagé sans moi se changea en colère, et je résolus de faire payer à quelqu’un de nos adversaires la fausseté de ma position. Je ne pouvais m’en prendre au comte Hector, déjà provoqué par Nasi ; ce fut sur M. de Monteverbasco que tomba l’orage. Le digne gentillâtre, en apprenant mon nom, s’était contenté de dire d’un air étonné :

— Tiens !

Je m’approchai de lui, et le regardant en face d’un air menaçant :

— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Moi, monsieur, je n’ai rien dit.