Aller au contenu

Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

telles leçons, il fût assez résolu pour s’en venger. Le fait est qu’Hector n’était pas un de ces hommes sans conséquence qui ne font jamais ni mal ni bien. Il était maussade, présomptueux ; mais, sentant malgré lui sa médiocrité intellectuelle, il se laissait toujours dominer dans les discussions ; puis, bientôt poussé par la haine et la vengeance, il demandait à se battre. Il se battait souvent et toujours mal à propos, de sorte que sa bravoure tardive et entêtée lui faisait plus de tort que de bien.

Avant de laisser Nasi retourner auprès d’Alezia, je le pris à l’écart et lui dis que tout ce qui venait de se passer était arrivé bien malgré moi, que mon intention n’avait jamais été de séduire, d’enlever, ni d’épouser Mlle Aldini, et que ma ferme résolution était de m’éloigner d’elle sur-le-champ et pour toujours, à moins que je ne fusse forcé par l’honneur à l’épouser en réparation du tort qu’elle venait de se faire à cause de moi. Je voulais que Nasi en fût juge.

— Mais avant de vous raconter toute cette histoire, lui dis-je, il faut songer au plus pressé, et nous arranger de manière à compromettre le moins possible notre jeune hôtesse. Je dois vous confier un fait qu’elle ignore, c’est que sa mère sera ici demain soir. Je vais établir un homme de planton au prochain relais, afin qu’au lieu d’aller chercher sa fille à la villa Grimani, elle vienne ici directement la prendre. Dès que j’aurai remis la signora Alezia entre les mains de sa mère, j’espère que tout s’arrangera ; mais, jusque-là, quelle explication vais-je lui donner de l’extrême réserve dans laquelle je veux me renfermer envers elle ?

— Le mieux, dit Nasi, serait de la décider à sortir d’ici, et à retourner chez sa tante, ou du moins à se retirer dans un couvent pendant vingt-quatre heures. Je vais essayer de lui faire comprendre que sa position ici n’est pas tenable.