Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/192

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Il alla trouver Alezia. Mais toutes ses bonnes raisons furent inutiles. Checca, fidèle à ses habitudes de jactance, avait dit à Alezia qu’elle était la maîtresse de Nasi, que le comte s’était détaché d’elle après une querelle, et qu’alors il avait pu demander Alezia en mariage ; mais que, guéri par son refus, et ramené par un invincible amour aux pieds de sa maîtresse, il était prêt à l’épouser. Alezia se croyait donc très convenablement chez Nasi, elle était charmée de le voir prendre, comme elle, le parti de se livrer au penchant de son cœur et de rompre avec l’opinion. Elle se promettait de trouver dans ce couple heureux une société pour toute sa vie et une amitié à toute épreuve. En quittant la maison de Nasi, elle craignait mes scrupules, et les efforts de sa famille pour la réconcilier avec le monde. Elle voulait donc obstinément se perdre, et elle finit par déclarer à Nasi qu’elle ne sortirait de chez lui que contrainte par la force.

— En ce cas, signora, lui dit le comte, vous me permettrez d’agir de mon côté comme l’honneur me l’ordonne. Je suis votre frère, vous l’avez voulu. J’ai accepté ce rôle avec reconnaissance et soumission, et j’ai déjà fait acte de protection fraternelle en éloignant de vous les insolentes réclamations du comte Hector. Je continuerai d’agir d’après les conseils de mon respect et de mon dévouement ; mais si les droits d’un frère ne s’étendent pas jusqu’à commander à sa sœur, du moins ils l’autorisent à écarter d’elle tout ce qui pourrait nuire à sa réputation. Vous permettrez donc que j’empêche Lélio de rentrer dans cette maison tant que votre mère n’y sera pas, et je viens de lui envoyer un exprès, afin que demain soir vous puissiez l’embrasser.

— Demain soir ? s’écria Alezia, c’est trop tôt. Non, je ne le veux pas. Quelque bonheur que j’aie à revoir ma