Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/193

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mère bien-aimée, je veux avoir le temps d’être compromise aux yeux du monde, et perdue sans retour pour lui. Je veux partir avec Lélio, et courir au-devant de ma mère. Quand on saura que j’ai voyagé avec Lélio, personne ne m’excusera, personne ne pourra me pardonner, excepté ma mère.

— Lélio n’obéira pas à votre volonté, ma chère sœur, répondit Nasi ; il n’obéira qu’à la mienne ; car son âme n’est que délicatesse et loyauté, et il m’a pris pour arbitre suprême.

— Eh bien ! dit Alezia en riant, allez lui ordonner de ma part de venir ici.

— Je vais le trouver, répondit Nasi ; car je vois que vous n’êtes disposée à écouter aucune parole sage. Et je vais avec lui faire préparer deux chambres pour lui et pour moi dans l’auberge du village que vous voyez d’ici au bout de l’avenue. Si vous étiez encore exposée à quelque offense de la part de M. Hector Grimani, vous n’auriez qu’à faire signe de votre fenêtre et à faire sonner la cloche du jardin, nous serions sous les armes à l’instant même. Mais soyez tranquille, il ne reviendra pas. Vous allez donc vous emparer de l’appartement de Lélio, qui est plus convenable pour vous que celui-ci. Votre femme de chambre restera ici pour vous servir et pour m’apporter vos ordres, s’il vous plaît de m’en donner.

Nasi étant venu me rejoindre et m’ayant rapporté cet entretien, je lui ouvris mon cœur et lui confiai à peu près tout ce que j’éprouvais, sans toutefois lui parler de Bianca. Je lui expliquai comment je m’étais étourdiment engagé dans une aventure dont l’héroïne m’avait d’abord semblé coquette jusqu’à l’effronterie, et comment, en découvrant de jour en jour la pureté de son âme et l’élévation de son caractère, je m’étais trouvé amené malgré moi à jouer le rôle d’un homme prêt à tout accepter et à tout entreprendre.

— Vous n’aimez donc pas la signora Aldini ?