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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/201

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me parut mieux convenir a cette âme aimante et fatiguée. Elle ne me reconnaissait pas ; et, lorsque Nasi me nomma, elle parut surprise ; car ce nom de Lélio ne lui apprenait rien. Enfin je me décidai à lui parler ; mais à peine eut-elle entendu le premier mot, que, me reconnaissant au son de ma voix, elle se leva et me tendit les bras en s’écriant :

— Ô mon cher Nello !

— Nello ! s’écria Alezia en se relevant avec précipitation ; Nello le gondolier ?

— Ne le savais-tu pas, lui dit sa mère, et ne le reconnais-tu qu’en cet instant ?

— Ah ! je comprends, dit Alezia d’une voix étouffée, je comprends pourquoi il ne peut pas m’aimer !

Et elle tomba évanouie de toute sa hauteur sur le parquet.

Je passai le reste du jour dans le salon avec Nasi et Checca. Alezia était au lit, en proie à des attaques de nerfs et à un violent délire.

Sa mère était enfermée seule avec elle. Nous soupâmes fort tristement tous les trois. Enfin, vers dix heures, Bianca vint nous dire que sa fille était calmée et que bientôt elle reviendrait causer avec moi. Vers minuit elle revint, et nous passâmes deux heures ensemble, tandis que Nasi et Checchina étaient allés tenir compagnie à Alezia, qui se trouvait beaucoup mieux et avait demandé à les voir. Bianca fut bonne comme un ange avec moi. En toute autre circonstance, peut-être son titre de princesse et sa nouvelle position l’eussent gênée ; mais la tendresse maternelle étouffait en elle tout autre sentiment. Elle ne songeait qu’à me témoigner sa reconnaissance : elle l’exprima dans les termes les plus flatteurs et de la manière la plus affectueuse. Elle ne sembla pas un seul instant avoir conçu l’idée que je pusse hésiter à lui rendre sa fille et à repousser la pensée de l’épouser. Je lui en sus gré. Ce fut la seule manière dont