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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/203

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sâmes devant la villa Nasi, une persienne s’ouvrit avec précaution, et une femme se pencha pour nous voir. Elle avait une main sur son cœur, l’autre tendue vers moi en signe d’adieu, et elle levait les yeux au ciel en signe de remerciement : c’était Bianca.

Trois mois après, Checca et moi nous arrivâmes à Venise par une belle soirée d’automne. Nous avions un engagement à la Fenice, et nous allâmes nous loger sur le grand canal, dans le meilleur hôtel de la ville. Nous passâmes les premières heures de notre arrivée à déballer nos malles et à mettre en ordre toute notre garde-robe de théâtre. Nous ne dînâmes qu’ensuite. Il était déjà assez tard. Au dessert on m’apporta plusieurs paquets de lettres, parmi lesquels un seul fixa mon attention. Après l’avoir parcouru, j’allai ouvrir la fenêtre du balcon, j’y fis monter avec moi Checca, et lui dis de regarder vis-à-vis. Parmi les nombreux palais qui projetaient leurs ombres sur les eaux du canal, il y en avait un, placé en face même de notre appartement, qui se distinguait par sa grandeur et son antiquité. Il venait d’être magnifiquement restauré. Tout avait un air de fête. À travers les fenêtres on apercevait, à la lueur de mille bougies, de riches bouquets de fleurs et de somptueux rideaux, et l’on entendait les sons harmonieux d’un puissant orchestre. Des gondoles illuminées, glissant silencieusement sur le grand canal, venaient déposer à la porte du palais des femmes parées de fleurs ou de pierreries étincelantes avec leurs cavaliers en habit de cérémonie.

— Sais-tu, dis-je à Checca, quel est ce palais qui est devant nous et pourquoi se donne cette fête ?

— Non, et je ne m’en inquiète guère.

— C’est le palais Aldini, où l’on célèbre le mariage d’Alezia Aldini avec le comte Nasi.