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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/221

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parcimonie de sa femme lui avait fait autrefois aimer le désordre, par esprit de contradiction ; mais aussitôt que la dame fut morte, Parquet goûta beaucoup moins de plaisir en mangeant le fruit qui n’était plus défendu, et trouva dans ses ressources assez de temps et d’argent pour bien profiter et pour bien user de la vie ; il demeura généreux et devint sage. Sa fille était agréable sans être jolie, sensée plus que spirituelle, douce, laborieuse, pleine d’ordre pour sa maison, de soin pour son père et de bonté pour tous ; elle semblait avoir pris à cœur de mériter le doux nom de Bonne, que son père lui avait donné par suite d’idées systématiques analogues à celles de M. Shandy.

La maison de campagne de maître Parquet était située à l’entrée du village, au-dessus de la chaumière de Jeanne. Féline, au-dessous du château de Fougères. Ces trois habitations, avec leurs grandes et petites dépendances, couvraient la colline. L’ancien parc du château, converti en pâturage, descendait jusqu’aux confins du jardin symétrique de M. Parquet, et le mur crépi de ce dernier n’était séparé que par un sentier de la haie qui fermait le potager rustique de la mère Féline. Ce voisinage intime avait permis aux deux familles de se connaître et de s’apprécier. Simon Féline et Bonne Parquet étaient amis et compagnons d’enfance. L’avoué avait été uni d’une profonde estime et d’une vive amitié avec l’abbé Féline ; on disait même que, dans sa jeunesse, il avait soupiré inutilement pour les yeux noirs de Jeanne. Il est certain que, dans son amitié pour cette vieille femme, il y avait un mélange de respect et de galanterie surannée qui faisait parfois sourire le grave Simon. C’était, du reste, la seule passion romanesque qui eût trouvé place dans l’existence très positive de l’ex-procureur. Des distractions fort peu exquises, et qu’il appelait assez mal à propos les consolations d’une douce philosophie,