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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/234

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entières au fond des bois, sans épuiser la vigueur de cette imagination qu’il n’osait montrer au logis. Le jour de sa rencontre avec mademoiselle Parquet, il fit une assez longue course pour n’être de retour que vers le soir. Avant de regagner sa chaumière, Simon voulut voir coucher le soleil au même lieu d’où il avait contemplé son lever. C’était le sommet de la dernière colline qui encadrait le vallon, et sur lequel s’élevaient les ruines du petit fort destiné jadis à répondre aux batteries du château et à garder l’entrée du vallon. De cette colline on jouissait d’une vue magnifique ; on plongeait d’une part dans le vallon de Fougères, et de l’autre on embrassait la vaste et profonde arène où serpente la Creuse. Simon aimait de prédilection cette ruine qu’habitaient de grands lézards verts et des orfraies au plumage flamboyant. La seule tour qui restait debout en entier avait été aussi un but de promenade quotidienne pour l’abbé Féline. Simon avait à peine connu ce digne homme ; mais il en conservait un vague souvenir, exalté par l’enthousiasme de sa mère et par la vénération des habitants. Il ne passait pas un jour sans aller saluer ces décombres sur lesquels son oncle s’était tant de fois assis dans le silence de la méditation, et dont plusieurs pierres portaient encore les initiales de son nom, creusées avec un couteau. L’abbé avait donné à cette tour le nom de tour de la Duchesse, parce qu’un de ces grands oiseaux de nuit, remarquables par leur voix effrayante, et assez rares en tous pays, en avait fait longtemps sa demeure ; ce nom s’était conservé dans, les environs, et les amis superstitieux du bon curé prétendaient que, la nuit anniversaire de ses funérailles, la duchesse revenait encore se percher sur le sommet de la tour et jeter de longs cris de détresse jusqu’au premier coup de l’Angelus du matin.

Assis sur le seuil de la tour, Simon regardait l’astre