Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

magnifique s’abaisser lentement sur les collines de Glenny, lorsqu’il entendit une voix inconnue parler à deux pas de lui une langue étrangère, et en se retournant il vit deux personnages d’un aspect fort singulier.

Le plus rapproché était un homme d’environ cinquante ans, d’une figure assez ouverte en apparence, mais moins agréable au second coup d’œil qu’au premier. Cette physionomie, qui n’avait pourtant rien de repoussant, était singularisée par une coiffure poudrée à ailes de pigeon, tout à fait surannée ; une large cravate tombant sur un ample jabot, des culottes courtes, des bottes à revers et un habit à basques très-longues, rappelaient exactement le costume qu’on portait en France au commencement de l’empire. Ce personnage stationnaire tenait une cravache de laquelle il désignait les objets environnants à sa compagne ; et, au milieu du dialecte ultramontain qu’il parlait, Simon fut surpris de lui entendre prononcer purement le nom des collines et des villages qui s’étendaient sous leurs yeux.

La compagne de ce voyageur bizarre était une jeune femme d’une taille élégante que dessinait un habit d’amazone. Mais, au lieu du chapeau de castor que portent chez nous les femmes avec ce costume, l’étrangère était coiffée seulement d’un grand voile de dentelle noire qui tombait sur ses épaules et se nouait sur sa poitrine. Au lieu de cravache, elle avait à la main une ombrelle, et, occupée de l’autre main à dégager sa longue jupe des ronces qui l’accrochaient, elle avançait lentement, tournant souvent la tête en arrière, ou rabattant son voile et son ombrelle pour se préserver de l’éclat du soleil couchant qui dardait ses rayons du niveau de l’horizon. Tout cela fut cause que, malgré l’attention avec laquelle Simon stupéfait observait l’un et l’autre inconnus, il ne put voir que confusément les traits de la jeune dame.