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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/267

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ceux qui y vont, répondit Simon, et je suis malheureux de vous connaître à présent ; car j’aurai souvent la tentation de m’exposer au blâme de ceux qui pensent bien.

— Si cela doit être, il faut résister à la tentation, reprit la jeune fille avec l’air grave et assuré qui lui était habituel ; mais dans peu de jours nous serons installés à Fougères, et je pense bien que vous pourrez nous voir sans vous compromettre. J’espère que mon père se réservera chaque semaine des jours de liberté, où les gens de cœur pourront l’aborder sans coudoyer les valets de l’administration. Du moins j’y travaillerai de tout mon pouvoir. Maintenant occupons-nous de ma capture ; il faut que vous lui rendiez le même service qu’à moi, et que vous examiniez ses plaies. »

Simon obéit, soigna le captif blessé, et procéda sur-le-champ à l’amputation de l’aile brisée ; après quoi il l’enveloppa d’un linge humide et se chargea de le soigner, s’engageant sur l’honneur à le porter lui-même au château dès qu’il serait guéri et apprivoisé.

« Ce n’est pas tout, lui dit-elle ; vous allez m’aider à chercher mon cheval, que j’ai abandonné dans le bois.

— Je cours le chercher, et je vous l’amènerai ici, répondit Simon.

— Non pas, dit Fiamma en souriant ; selon vos coutumes et vos idées françaises, je suis votre ennemie ; vous ne devez pas me servir.

— Selon mon cœur et selon ma raison, je suis votre ami le plus respectueux et le plus dévoué, répondit Simon. Dites-moi de quel côté vous avez laissé Sauvage.

— Vous savez son nom ! dit-elle en souriant ; allons-y ensemble. Il n’obéit qu’à ma voix ou à celle de mon serviteur ; et puisque vous êtes mon ami…