Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/270

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VII.


Simon demeura plus de vingt-quatre heures sous le charme de cette aventure. Aucune réflexion fâcheuse ne pouvait trouver place au milieu de son enivrement. Les âmes les plus fortes sont les plus spontanément vaincues et les plus complètement envahies par une passion digne d’elles. En elles, rien ne résiste, rien ne se défend de l’enthousiasme, parce que leur premier besoin est de chérir et d’admirer. Les conseils de la prudence et de l’intérêt personnel sont étouffés par ce besoin d’amour et de dévouement qui les déborde.

Mais, après les élans de la joie et le sentiment de l’adoration, Simon sentit le besoin de renouveler cette pure jouissance à la source qui l’avait produite. Il lui fallait revoir mademoiselle de Fougères ; tout ce qui n’était pas elle n’existait plus. La tendresse que sa mère lui avait uniquement et exclusivement inspirée jusque-là s’affaiblissait elle-même sous les tressaillements convulsifs de son cœur impatient. Il s’effraya des ravages de cet incendie, sans penser d’abord à l’éteindre ; mais plusieurs jours écoulés sans revoir Fiamma portèrent son désir à un tel point d’angoisse et de souffrance qu’il sentit la nécessité de le combattre.

Simon ne s’était pas beaucoup inquiété jusque-là de ce qu’il éprouvait. Il n’avait pas encore aimé, il ne savait pas à quel ennemi il avait affaire ; il s’imaginait qu’il triompherait dès qu’il serait bien résolu à triompher, dès qu’il lui serait prouvé que les souffrances de cet amour l’emportaient sur les joies. Cet instant venu, il appela la réflexion à son secours. Il se demanda sur quelle certitude était fondée cette admiration extatique qui absorbait toutes ses pensées, quel lien durable quelques paroles