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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/271

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échangées avec cette jeune fille pouvaient avoir cimenté. En quoi s’était-elle montrée grande, forte, magnanime, brave, sincère ? Qu’avait-il vu ? une lutte enfantine avec un oiseau de proie, et l’ardeur romanesque d’une jeune tête pour des idées généreuses dont l’application serait peut-être au-dessus de la portée de son caractère.

Mais, hélas ! toutes les réflexions de Simon manquèrent leur but ; et ses armes tournèrent leur pointe contre son cœur. Plus il y songeait, plus Fiamma se trouvait digne de son enthousiasme. Ce n’était pas un enfant, la femme qui se condamnait au silence et à la feinte depuis six mois plutôt que d’échanger ses nobles pensées avec des êtres indignes de la comprendre ; et ce qu’aucune adulation n’avait pu obtenir de sa défiance stoïque, Simon l’avait conquis avec un regard. Profond comme la sagesse et hardi comme la bonne foi, celui de Fiamma avait lu en lui rapidement, et sa langue s’était déliée comme par magie. Elle lui avait dit le secret de son âme, le mystère de sa vie ; et elle ne lui avait pas seulement recommandé le silence, tant elle semblait sûre de sa discrétion. Il y avait en elle quelque chose de viril qui semblait fait pour ressentir l’amitié sérieuse et l’estime tranquille. Avec quel dévouement une telle créature n’était-elle pas capable de braver la mort pour une noble cause, elle qui pour un jouet d’enfant se laissait déchirer du bec de l’aigle comme une jeune Spartiate ! Enfin, les séductions d’aucune vanité n’étaient capables de l’entraîner, puisqu’elle s’était fait un genre de vie entièrement en dehors de celui que la fortune de son père semblait lui tracer, puisqu’elle fuyait les salons pour les bois, les fades conversations pour la lecture, et les flagorneries d’une petite cour pour l’entretien ingénu de la douce mademoiselle Parquet. Il se demandait comment il n’avait pas compris, dès le premier jour de sa