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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/288

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interrompit M. Parquet avec un mouvement chagrin. Voilà de ces mots qui sont cruels à entendre ! Je ne m’explique pas, Fiamma, que vous, si généreuse, si tendre, si dévouée pour nous, vous n’ayez pas dans le cœur le moindre sentiment d’affection pour votre père. Moi, je suis enchanté que vous ne lui ressembliez pas ; je l’aime médiocrement, et vous, je vous chéris comme une seconde fille ; mais enfin, cette clairvoyance, cette justice cruelle avec laquelle vous pesez les défauts de celui qui vous a donné le jour…

— Arrêtez, Parquet, s’écria Fiamma, et regardez le mal que vous me faites ! »

Parquet fut effrayé de l’altération de son visage et de la pâleur mortelle de ses lèvres.

— Eh bien ! mon Dieu, s’écria-t-il à son tour, ne parlons plus de tout cela.

— Oh ! mon ami ! n’en parlons jamais, répondit la jeune fille en faisant un effort pour marcher ; car vous me feriez dire ce que je ne veux pas, ce que je ne dois jamais dire à personne.

— Juste ciel ! reprit M. Parquet, dont la curiosité s’éveilla vivement. A-t-il donc eu quelque tort exécrable à votre égard ? Avez-vous contre lui des sujets de plainte assez terribles pour étouffer la voix du sang ?

— Non, monsieur Parquet, ce n’est pas cela, répondit-elle. Il y a dans ma vie un mystère que je ne peux jamais révéler et dont je ne peux me plaindre qu’à la destinée. Ne m’interrogez pas, mais soyez indulgent pour moi et ne me jugez pas. Ma situation est si exceptionnelle que mon caractère et ma conduite doivent être bizarres.

— Adieu, voici en effet la chaise de poste du comte dans la cour. Faites ce que je vais ai dit : vale et me ama. »

Pauvre enfant ! pensa M. Parquet en retournant chez