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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/314

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lieux que vous habitez, je vous prierai de me laisser choisir ma retraité et vivre avec les 1500 livres de rente que ma mère m’a léguées et qui ont suffi jusqu’ici, même dans l’intérieur de votre riche maison, à toutes mes dépenses. Votre seigneurie le sait !… »

Elle appuya sur ces derniers mots avec affectation.

« En vérité, Fiamma, vous me rendrez fou, s’écria le comte en mettant ses deux mains sur ses tempes. Vous joignez à votre amertume de caractère des singularités inouïes. Vous vous obstinez à vivre misérablement au sein du luxe, pour faire croire apparemment que je suis avare envers vous.

— J’espère, monsieur, répondit-elle, que vous ne me supposez pas de si lâches pensées, et que vous voudrez bien attribuer à mes goûts seulement la modestie de mes habitudes.

— Enfin, vous dites, reprit le comte impatienté, que vous voulez vivre ici à votre guise, en dépit du déshonneur qui peut rejaillir sur moi, ou me couvrir d’une autre sorte de déshonneur en allant vivre seule et loin de moi ? Il faut que je passe pour un lâche Cassandre ou pour un tyran domestique : charmante alternative, en vérité !

— Non, monsieur, répondit Fiamma, je ne veux point vous mettre dans cette alternative. S’il est vrai que mes relations avec la famille Féline soient un objet de scandale, vous avez le droit de m’en avertir, et je suis prête à les faire cesser s’il est nécessaire. Mais le hasard s’est chargé à point de remédier au mal. M. Féline est parti ce matin du village, pour se fixer à Guéret, où il va exercer sa profession, et où vous savez que je ne vais jamais. Nos entrevues ici deviendront donc assez rares et assez courtes pour n’attirer l’attention de personne.

— À la bonne heure, dit le comte de Fougères, heureux d’en être quitte à si bon marché. Maintenant, restons