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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/323

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durant cette nuit rigoureuse ; l’angoisse passa dans son cœur, il courut ouvrir la fenêtre : des flocons de neige, amoncelés sur la vitre, tombèrent à ses pieds. Un cri sympathique partit de son sein et de celui de sa mère ; puis ils restèrent immobiles et pâles à se regarder en silence.

Simon courut seller le cheval de M. Parquet, et bientôt il fut sur le sentier de la montagne, courant à toute bride sur les traces de Sauvage. Hélas ! la neige les avait couvertes. Jeanne n’avait pas dit un mot pour l’empêcher de partir. Mais, quand elle se trouva seule, le poids d’une double inquiétude tombant sur son cœur, elle leva les bras vers le ciel et lui demanda de ne pas voir lever le jour si son fils ne devait pas revenir. Cependant elle se rassura peu à peu en voyant que la neige n’épaississait pas. Simon rentra à deux heures du matin. Il avait été loin sans atteindre la trace de Fiamma. Elle avait été rapide comme le vent et les nuages. Mais la neige ayant cessé de tomber et la lune s’étant levée dans tout son éclat, il avait reconnu la piste de Sauvage, et, un peu en arrière, celle de plusieurs loups qui avaient dû le suivre assez longtemps ; car il avait remarqué ces traces jusqu’à l’entrée du village de Fougères. Là les sabots du cheval s’étaient montrés délivrés de leur sinistre cortège, et il avait espéré atteindre la brave amazone, mais en vain. Il avait conduit sa monture à la cabane pour la faire reposer un instant, et, pendant ce temps, il s’était glissé dans les cours du château. Il avait vu, à la lueur des flambeaux, Sauvage fumant de sueur, entre deux palefreniers empressés à le frotter et à l’envelopper de couvertures. Il avait même entendu dire à un de ces laquais : « Diable ! voilà une drôle de promenade ! Heureusement que M. le comte est couché. Sa toux nerveuse l’occupe plus que sa fille. » L’autre avait répondu : « C’est