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Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/322

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Autrefois vous n’eussiez pas agi ainsi, votre mère était votre seul amour ; à présent j’ai une rivale, un ange que j’aime aussi, mais que j’aime moins que vous. Pourquoi l’aimez-vous plus que moi ?

— Oh ! ma bonne vieille, ma sainte mère ! ne me faites pas de reproches, répondit Simon ; je suis trop malheureux. N’empoisonnez pas cet instant où la seule vue de vos cheveux blancs suffit à me donner de la joie au milieu de mon désespoir. Ne croyez pas que je vous aime moins que par le passé. Tant que je vous aurai, je pourrai tout supporter ; quand vous mourrez, je mourrai.

— Tais-toi, enfant. Il y a quelqu’un qui saura bien te consoler !… Tais-toi, écoute. Le cousin est parti ; on ne l’aime pas, on ne veut pas de lui ; il ne reviendra pas.

— Grand Dieu ! ma mère, ne me trompez-vous pas pour me consoler ? » s’écria Simon.

Et il se fit raconter les moindres détails de l’entrevue de Fiamma avec sa mère. Il était si ému, si oppressé, qu’il écoutait à peine la réponse à ses mille questions, tant il avait hâte d’en faire de nouvelles ! Il ne comprenait pas la plupart du temps, et se faisait répéter cent fois la même chose. Ce ne fut qu’au bout d’une heure de conversation qu’il comprit la manière dont Fiamma avait accompagné sa mère ; et alors seulement Jeanne, rassurée sur le désespoir de son fils, sentit se réveiller ses inquiétudes pour Fiamma, et laissa échapper ces mots :

« Ô mon Dieu ! je ne m’effraye pour elle ni de la nuit ni de la solitude ; elle a un bon cheval, elle est brave et forte comme lui ; mais s’il venait à tomber de la neige avant qu’elle fût rentrée ! C’est si dangereux dans nos montagnes ! »

Simon pâlit et fit signe à Jeanne d’écouter. Le vent sifflait avec violence autour de cette maison bien close et bien chauffée. Simon pensa au froid qui devait glacer les membres de Fiamma