Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/328

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secoua les légers grains de misère humaine qui eussent pu obscurcir la sincérité de sa joie. Il fondit eh larmes en embrassant son filleul à la fin de l’audience, et en lui disant : « C’est fini, je ne plaide plus, et désormais c’est par toi que je triomphe. »

Ils avaient fait trois pas dans la rue, lorsque Parquet, s’arrêtant pour regarder une paysanne qui passait aussi vite que la foule pouvait le permettre, se dit comme à lui-même :

« Ouais ! voilà une montagnarde qui a la main bien blanche ! »

Simon se retourna précipitamment ; il ne vit qu’une femme enveloppée d’une cape qui cachait entièrement son visage, parce que d’une main elle la tenait abaissée comme pour défendre une vue faible de l’éclat du soleil. Cette main était si belle et cette démarche si alerte que Simon ne put s’y tromper. C’était Fiamma. Il eut bien de la peine à s’empêcher de courir après elle.

« Gardez-vous-en bien, lui dit Parquet : ce serait une indiscrétion. Puisqu’on se déguise, c’est qu’on ne veut pas que vous sachiez qu’on était là. D’ailleurs, peut-être nous sommes-nous trompés !

— Ce n’est pas moi qu’elle peut tromper en se déguisant, dit Simon. N’ai-je pas reconnu ces deux raies bleues au poignet, reste des cruautés du bec d’Italia ?…

— Oh ! l’œil de l’amant ! dit Parquet. Eh bien ! Simon, qu’est-ce que je te disais ? On t’aime, et tu as du talent ; et un jour…

— Et un jour je me brûlerai la cervelle, répondit Simon en lui pressant vivement le bras, si je me laisse prendre à vos belles paroles. Mon ami, épargnez-moi, dans ce moment surtout, où je n’ai pas bien ma tête, et où je ne me soutiens plus qu’avec peine…

— Appuie-toi sur moi, lui dit Parquet, tâchons de rejoindre