et par raison, je puis obtenir de vous que vous n’exécutiez pas ce dessein, dans les circonstances où nous nous trouvons vis-à-vis l’un de l’autre… » Il s’arrêta avec embarras.
« Je vous avoue, monsieur, dit-elle, que j’ignore absolument ce qu’ont d’extraordinaire ces circonstances, et par conséquent ce qu’elles ont de commun avec le désir que je manifeste.
— En vérité, Fiamma, vous l’ignorez, et ce n’est pas en raison de ces circonstances que vous désirez vous éloigner de moi ?
— Je vous le jure, monsieur.
— En ce cas, ma fille, que votre volonté soit faite. Seulement vous ne refuserez pas de sanctionner par votre présence l’acte qui va changer mon existence… » Ici le comte entra dans une apologie tourmentée et fatigante de sa conduite, durant laquelle il répéta plus de vingt fois : Non è vero, Fiamma ? pour arriver au résultat difficile qui lui tenait à la gorge. Enfin il avoua, avec beaucoup de trouble et d’appréhension, qu’il était à la veille de se remarier.
« En vérité ! s’écria Fiamma en tressaillant sur sa chaise. Eh bien ! mon père, je vous approuve et même je vous remercie ; vous ne pouviez m’apprendre une plus heureuse nouvelle, et la joie que j’en ressens est si vive que je ne sais comment l’exprimer. »
Le comte la regarda en face attentivement, et, voyant en effet la satisfaction briller sur son visage, il devint rêveur et lui dit en oubliant tout à fait son rôle :
« Mais pourquoi donc êtes-vous si réjouie, Fiamma ? Je suis obligé de vous faire observer que les conséquences de ce mariage peuvent diminuer votre fortune considérablement, et que toute autre personne, dans votre position, m’en ferait peut-être un reproche. Il y a dans