Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/350

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— Parquet, je dois plus de respect extérieur à la volonté de M. de Fougères que si j’étais avec lui dans des termes ordinaires. Je suis dépositaire d’un secret plus sacré que mon bonheur et que ma vie, et tout ce qui pourrait amener un éclat entre lui et moi m’est plus défendu et plus impossible que si toutes les lois de la terre s’y opposaient.

— Étrange, étrange ! dit Parquet en se frappant le front ; mais, lorsque votre père se maria, il avait renoncé à son ambition administrative ; car il ne prit une femme qu’en désespoir de cause : nous le savons, quoi qu’il en dise. Il eût pu entendre raison pour votre mariage avec Simon, si vous m’eussiez chargé de cela. Simon était déjà à flot, moins qu’aujourd’hui, il est vrai, mais assez pour voguer avec vous.

— Non, mon ami, vous vous trompez. J’ai mieux compris que vous la position de Simon. Je l’ai examinée avec plus d’attention et de sollicitude, quoique vous n’en ayez pas manqué ; j’ai vu que Simon n’était pas seulement un homme de talent, j’ai vu qu’il était un homme de génie, et qu’il avait le champ précieux de son avenir à cultiver avec soin. Sa tendresse pour moi, les soins du ménage, les soucis de famille qui paralysent les plus belles facultés, eussent gêné son essor…

— Non, vous vous trompez, Fiamma, je vous jure ; tout cela pour vous, et avec vous, l’eût fait marcher plus vite.

— Je ne le pensai pas, et je n’en juge pas encore ainsi. Ma présence lui devenait funeste ; je m’éloignai. Ajoutez à toutes ces raisons que revenir en sa faveur sur une résolution tellement annoncée depuis longtemps, arracher de force un époux aux entraves que des dispositions fortuites de la société plaçaient en dehors de ma sphère, quereller mon père, risquer mon secret, faire du