Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/356

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l’effet du délire qu’elle venait de contempler deux fois dans quelques heures, jeta ses bras autour du cou de Simon et fondit en larmes.

« Ô mon Dieu ! que vous ai-je fait ? s’écria-t-elle, et pourquoi ne me reconnaissez-vous plus ? Pourquoi ne m’aimez-vous plus ? Pourquoi m’avez-vous maudite ? Est-ce que vous allez mourir comme ma mère, en m’éloignant de vous, en me criant : « Ôte-toi de là, ma honte ! ôte-toi de là, mon crime ! » Hélas ! je n’ai jamais fait de mal à personne, et tout ce que j’aime me repousse, tout ce que j’aime meurt dans les convulsions, en me disant que c’est moi qui suis le péché et la mort ! »

En parlant ainsi, elle se laissa tomber des bras de Simon sur la pierre couverte de mousse ; et, cachant son visage sous les tresses éparses de ses cheveux noirs, elle éclata en sanglots. Pleurer était une chose aussi rare que violente pour Fiamma.

Simon sortit comme d’un profond sommeil en entendant les accents de douleur de cette voix chérie ; sans comprendre ce qu’elle disait, il l’écouta ; il la vit par terre, abîmée dans ses larmes, couverte de la pluie glacée du matin. Il jeta un cri de surprise, et, la saisissant dans ses bras, il la pressa contre son cœur en l’appelant des plus doux noms, et en réchauffant de baisers sa belle chevelure et ses mains humides. Peu à peu ils se reconnurent, et, revenus à eux-mêmes, ils n’eurent pas la force de détacher leurs bras enlacés et leurs lèvres unies ; ils se dirent tout ce que, depuis cinq ans, ils renfermaient dans leur âme avec l’héroïsme de la vertu. Fiamma savait bien tout ce que Simon avait souffert ; mais tout ce qu’elle lui apprit était si nouveau pour lui qu’il faillit mourir de joie.

« Comment n’en étais-tu pas sûr ? lui dit-elle ; comment n’as-tu pas vu dans toute ma conduite que, mal-