Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/357

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gré le peu d’espoir que je m’étais permis, tous mes désirs, tous mes efforts ont tendu à t’élever jusqu’à moi et à me conserver pour toi ? Hélas ! qu’est-ce que je fais aujourd’hui qu’il y a encore tant d’obstacles, et pourquoi ai-je la confiance de te dévoiler les secrets de mon âme, moi pour qui les épanchements ont toujours été des crimes, et qui en commets sans doute un à l’heure qu’il est, en te donnant des espérances que je ne pourrai peut-être pas réaliser ?

— Ô ma sœur ! ô ma femme ! s’écria Simon, ne parle pas d’obstacles. Dis-moi que tu m’aimes, dis-moi que c’est de l’amour que tu as pour moi depuis cinq ans… Non, ne dis pas cela, je ne le mérite pas ; dis que c’est de l’amour que tu as maintenant. C’est encore un bonheur et une gloire à rendre le ciel jaloux. Dis-moi que tu savais que je t’aimais et que tu le voulais, et que tu ne m’as ni oublié ni déshérité de ta tendresse, et laisse-moi faire le reste. Quoi que ce soit au monde, je lèverai cet obstacle comme une paille. Est-il quelque chose d’impossible à un amour pareil au mien, à une joie comme celle que j’éprouve ? Laisse-moi me mettre à genoux devant toi et baiser l’herbe que foule ton pied. Ô Fiamma ! c’est ici que je t’ai vue pour la première fois. Le soleil se couchait dans toute sa magnificence ; il t’embrasait de sa beauté, il t’inondait de ses reflets ardents. Tu étais si belle que tu me fis peur. Je ne croyais point aux anges ; je te pris pour un démon. J’étais si troublé que je te vis à peine. Un nuage t’enveloppait, et tes yeux seuls t’illuminaient de leurs éclairs. Il me sembla ensuite que je ne te voyais pas pour la première fois, que je t’avais déjà vue quelque part, dans mes rêves peut-être. Souvenir de la tombe ou révélation de l’autre vie, tu étais ma sœur. J’avais ce type de grandeur et de beauté devant les yeux depuis que je songeais à la beauté et à la